Berceau de l'humanité, l'Afrique est aussi le continent qui m'a vu naître. Mon enfance a été bercée par le chant du muezzin et les vagues de l'océan Atlantique, aux portes du Sahara. Longtemps source unique de mon inspiration artistique, les couleurs et la lumière du Maroc restent gravées dans mon cœur à jamais.
Dès que j'en ai eu la possibilité, j'ai traversé le désert à la rencontre de l'Afrique noire dont l'empreinte est bien présente au Maghreb, héritage des caravanes et des migrations transsahariennes.
Peindre le Maroc c'est replonger dans mon enfance et mon adolescence; c'est établir une passerelle entre le pays de ma naissance qui m'a imprégné et le pays où je vis maintenant.
Peindre le Maroc, c'est rendre hommage à la beauté de ses paysages malgré la distance, c'est sentir le sel de la mer, la brûlure du soleil, l'odeur mélangée d'épices et de légumes des souks, la nostalgie des murs de terre croulants sous le temps, l'effervescence des foules qui ont fait de la rue leur lieu de rencontre et de vie...
Le Maroc me manque, et quand il me manque trop, je le rêve en peinture.
Mes pas m'ont d'abord portés vers l'Afrique de l'ouest, exubérante, riche en rencontres et en partages. Le Mali en 1997 et ensuite le Niger, le Burkina, le Sénégal.
Plus tard, l'Afrique de l'est m'a permis d'entrevoir un autre aspect de ce continent multiple. La beauté des éthiopiens dont le pays se trouve au cœur de l'histoire de l'humanité, la complexité de la culture malgache, mixage des différents peuples qui ont abordé l'île, le Rwanda, pays meurtri mais capable de résilience...
"Le voyage c'est aller de soi à soi en passant par les autres"
proverbe touareg
fevrier 1997 MAURITANIE-MALI-SENEGAL
Descente pur un périple de 3 mois en voiture, d'abord à travers le désert saharien via la Mauritanie. Je ne garde pas un très bon souvenir de ce pays qui nous a procuré quelques aventures peu agréables et un contact très mitigé avec habitants .
Arrivée au Mali par des pistes dans un village de brousse frontalier très isolé, L'ambiance change du tout au tout. Les enfants se pressent en criant toubab , toubab, nous touchent... ils n'ont jamais vu de peau blanche. On nous invite aussitôt a partager le thé traditionnel et la pitance locale: des bouts de chèvre bouillie nageant dans un jus indéterminé. Le voyage se poursuit vers Kayes où je découvre les joies des marchés africains, des danses spontanées au son du djembé, et encore et toujours du thé partagé avec des inconnus dans la rue et à toute heure. Nous continuons par une piste de 3 jours jusqu'à la capitale Bamako, Notre voyage se poursuivra ensuite vers Djenné, magnifique ville de terre où a séjourné l'explorateur René Caillé puis vers le pays Dogon où nous faisons un trek au pied de la falaise de Bandiagara en dormant dans les villages. Retour a Bamako d'où je m'envole vers la Gambie pour aussitôt descendre en Casamance.
A l'heure actuelle, voyager au Mali est devenu trop dangereux et je remercie la vie de m'avoir offert l'opportunité de partir à la rencontre de paysages somptueux et d'un peuple dont la gentillesse, la joie de vivre malgré leur extrême pauvreté et le sens de l'hospitalité, ne méritaient pas le carcan religieux dans lequel les fous de Dieu les ont enfermés.
janvier 2004 BURKINA FASO -NIGER
Retour en Afrique noire pour rendre visite a notre ami touareg de la coopérative Tatapt au Niger Cette fois mon fils de 9 ans m'accompagne. Nous atterrissons tous les deux à Ouagadougou tandis que son père et un ami descendent en voiture. En les attendant, nous prenons nos marques plusieurs jours dans la capitale, puis en ayant fait le tour nous décidons de prendre un bus pour Bobo Dioulasso, une ville a située à 300 km. C'est là que nous faisons la connaissance de Mohamed qui nous adopte durant une semaine. Grâce a lui nous découvrons la ville et les environs sous un autre angle, visite des différents quartiers de la vieille ville où chaque corporation : forgerons, animistes, griots et musulmans occupent un territoire délimité , Nous sommes invités a une fête traditionnelle de baptême (le moment où on nomme un enfant, 3 mois après sa naissance) on assiste a un concert privé dans une concession familiale où je ne peux pas refuser un tressage de cheveux, aiie! Nous croisons une procession de masques qui représentent l'esprit d' un défunt récent et buvons de la bière de mil fraichement brassée par les femmes d'un village.... . Puis c'est le départ vers le Niger, en voiture avec le reste de l'équpe qui nous a rejoint. A Agadez, nous retrouvons notre ami Ahilek qui nous emmène dans la maison qu'on lui prête lorsqu'il est en ville. Une cour de terre battue où trône la traditionnelle tente touareg, une pièce en parping qui sert de salle a manger, et un trou en plein air dans le sol, isolé par un mur qui sert de salle d'aisance et de toilette. Nous partons ensuite dans la brousse vers son campement où nous sommes accueillis par la tribu qui a tué un mouton a l'occasion de notre arrivé. Nous partageons quelques jours le quotidien de ce groupe de nomades touareg avant de reprendre le chemin du retour.
2007 SENEGAL
Retour au Sénégal pour un périple a deux avec mon fils de 12 ans. Nous séjournons 1 semaine dans la presque ile de Palmarin, une semaine a St Louis et une semaine à Toubacouta dans le Siné Saloum. Ces séjours dans chaque lieu nous permettent de faire connaissance avec beaucoup de gens et d'apréhender la vie locale, notamment à Toubacouta où nous faisons connaissance de "Tintin" qui va entreprendre avec beaucoup de gentillesse d'initier mon fils à la technique du djembé. Comme Mohamed au Burkina, il nous prend sous son aile et nous fait découvrir les environs avec une superbe ballade en pirogue dans les bolongs et nous invite chez lui pour partager le plat avec sa nombreuse famille.
2015 MADAGASCAR
Nouveau voyage à deux avec mon fils. Madagascar était depuis longtemps un rêve toujours repoussé a cause de l'insécurité et de l'éloignement. Iles aux fragances et aux épices avec nombres d'espèces endémiques, peuples d'une extrême diversité avec des origines africaines et asiatiques. Cette fois nous sautons le pas pour explorer le Sud de l'ile en sac à dos et en bus local. De Tana la capitale à Antsirabé, d'Antsirabé à Ambositra pour un trek de trois jours en pays Zafimaniry. de retour en ville nous avons la chance d'être invités à une cérémonie de retournement des morts et finissons la journée chez les parents du défunt avec tout le quartier à danser des danses traditionnelles. L'étape suivante nous amène a Ambalavao pour un nouveau trek dans la vallée de la Tsaranoro où nous votons enfin des lémuriens. Ensuite train, le seul du pays, jusqu'à Manakar en bord de mer pour des ballades tranquilles en pirogue avant de revenir vesr Antsirabe avec une halte d'une nuit dans la forêt primaire dans le parc de Ranomafana pour voir encore des lémuriens. Le départ en bus de nuit n'est pas très rassurant car les routes sont peu sures après la tombée du jour mais par chance nous arrivons à Antsirabe sans croiser de bandits. Morondavia, à l'est de l'ile est notre prochaine étape. De là nous irons en pirogue à balancier sur le canal du Mozambique jusqu'au petit village de Belo sur mer puis en 4X4 pour explorer les tsinguy, cet étonnant labyrinthe de formations karstiques aux aiguilles acérées. Il vaut mieux être en forme car le parcours implique à la fois de l'escalade et de ramper dans des tunnels souterrains mais au détour d'un arbre, quelques minuscules lémuriens nous observent.
2018 RWANDA
Ce tout petit pays a fait la une de l'actualité en 1994 pour l'horreur des massacres qui s'y sont déroulés. Pourtant, de tous les pays d'Afrique où je suis allée, c'est celui où je me suis sentie le plus en sécurité. C'est aussi celui qui m'a le plus étonné. La propreté d'abord. Ici, pas un papier dans la rue, le plastique est interdit. Une matinée par mois lors de l'umuganda, chaque rwandais doit participer a un travail d'intérêt collectif. Le taux d'achèvement de la scolarisation en primaire était de de 97% en 2019. Les villages sont fleuris, les transports en commun sont surs etc...Bien sur tout n'est pas rose et le génocide a laissé un traumatisme certain que le gouvernement a tenté de palier par une politique de réconciliation et de commémoration pour que les gens réapprennent à vivre ensemble. Mais le Rwanda ce n'est pas que l'horreur de 1994, c'est un pays magnifique, très vallonné et verdoyant. De nombreuses aires protégées y ont été crées. Les communautés limitrophes n'ont pas le droit de s'y rendre, cependant pour palier aux effets négatifs, elles ont été associées a des projets de développement et touchent une partie des recettes touristiques que génèrent ces parcs. J'ai pu me rendre dans 3 parcs nationaux, celui de Nyungwe, le parc des Virunga où vivent les gorilles et le parc de l'Akagera. Je n'ai pas malheureusement pas eu les moyens de m'offrir l'heure d'observation des gorilles, la ballade coutant la bagatelle de 1500 $. Par contre j'ai pu monter sur le volcan Bisoke 3711m, la zone où Diane fossey travaillait auprès des gorilles. Nous passons d'ailleurs près de sa tombe, moi, le guide, la garde et la jeune femme avec qui je me suis associée pour louer le 4X4 qui nous amène au pied du volcan et que je retrouverais plus tard à l'Akagera. Une petite ascension de 1400 m de dénivelé bien rude dans la boue et la brume. 3 jours de courbatures en suivant mais contente de l'avoir fait.
2019 CAP VERT
Séjour de 15 jours dans cet archipel qui était une étape de ravitaillement sur la route du commerce triangulaire vers les Amériques. Le résultat en est une population métissée descendante d'esclaves et de colons portugais. L'ile de Mindelo a vu grandir Césaria Evora mais elle est aussi le lieu d'un carnaval réputé. En attendant les festivités, je fais un trek sur l'ile de Santo Antao en compagnie d'un ami qui travaille sur place. Nous randonnons trois jours a travers des paysages somptueux et dormons chez l'habitant avant de revenir à Mindello pour le carnaval.